Temple Franklin Roosevelt
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Assemblée de Francs Maçons pour la réception des apprentis

Conférence réalisée par Benjamin DECOTTE

Mardi 9 avril 2024

 

I DEFINITIONS

Il n’y a pas de définition unique de la franc-maçonnerie

À titre d’exemple, un auteur tel qu’Yves Hivert-Messeca propose un découpage en cinq grands types de franc-maçonneries,

  1. Une franc-maçonnerie « ésotérique », mettant l’accent sur le processus initiatique censé faire passer le membre des « ténèbres » extérieures à une « illumination » intérieure. 
  2. Une franc-maçonnerie « chrétienne » qui se conçoit comme un approfondissement de la spiritualité chrétienne. C’est le cas notamment du rite suédois et des obédiences scandinaves ou allemandes qui n’acceptent (ou n’ont longtemps accepté) que des membres chrétiens, le plus souvent protestants.
  3. Une franc-maçonnerie de type « ancien » anglo-saxon », plus axée sur le symbolisme, et qui interdit toute discussion politique ou religieuse.
  4. Une franc-maçonnerie « moderne, libérale et symbolique », principalement française.
  5. Une franc-maçonnerie « agnostique » qui travaille principalement à l’instauration d’une société meilleure en autorisant dans les loges les discussions politiques. Le plus souvent mixte, elle est majoritaire en France, en Belgique également et un peu en Allemagne.

Il y a plusieurs obédiences en France : Grande Loge Mixte de France, Grand Orient de France, Grande loge Féminine de France, Grande Loge de France, Droit Humain…

Une obédience maçonnique est un regroupement de loges maçonniques, le plus souvent sous une forme fédérative, et qui peut prendre le nom de Grande loge ou de Grand Orient.

II LES ORIGINES DE LA FRANC-MACONNERIE

  • La franc-maçonnerie a été très peu revendiquée au départ. On retrouve des manuscrits Régius et Cooke qui nous exposent en 1425 et 1450 les statuts des maçons médiévaux. Les Olds Charges ou « anciens devoirs » présentent les règlements, le us et coutumes du métier.

En plus de l’omniprésence du sacré, la solidarité entre les maçons existe au moyenâge. Il faut se coordonner pour l’embauche, la formation, la gestion des intérêts du métier, l’attribution des chantiers. Il faut transmettre l’art de faire des plans, l’art de la construction. Cela demande de s’organiser.

  • En Angleterre, Newton et ses amis de la Royal Society ont constitué une loge, de l’opératif au spéculatif. La franc-maçonnerie ne sert pas seulement à construire, mais à penser.

Constitution de « freemasons ». Il y a un intense pressing de la couronne. Les jacobistes, partisans de Jacques Stuart, tentent de reprendre le pouvoir et créent une première loge à Londres

La première Grande Loge de Londres et de Westminster est la première obédience maçonnique créée dans le monde. Elle est fondée le 24 juin 1717, par la fusion de quatre loges londoniennes. Le pasteur Anderson va rédiger une constitution en 1723, qui est un grand texte fondateur de la maçonnerie moderne.

  • En France, la franc-maçonnerie apparaît sous l’influence des Stuart émigrés et de leur entourage vers la fin du XVII e siècle, mais son essor dans les années 1720 dépend alors surtout du concours des francs-maçons anglais

 La franc-maçonnerie se diffuse en France, comme dans de très nombreux pays du monde, au début du XVIII e siècle.

En 1725, l’aristocratie s’invite dans les loges. Celles-ci se créent et se ferment.

En 1738, Le pape Clément VII va rédiger une bulle d’excommunication des francs-maçons. Des contre-pouvoirs s’installent et notamment à travers le premier Grand Maître, Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont. Se fomentent des complots divers et variés, les régents font intervenir la police dans les loges. L’atmosphère se tend, les loges se déchirent entre elles. Les parisiens snobent les loges de province. En 1771, la création d’une grande loge, d’une organisation pyramidale, échoue. A l’époque, il y a 71 loges à Paris, 85 en Province.

En 1773, le comte de Clermont cède sa place au duc de Montmorency-Luxembourg. Celui-ci veut créer un Grand Orient. Il fit accepter la Grande-Maîtrise au premier prince du sang, Philippe, duc d’Orléans. La cour est reliée à la franc-maçonnerie.

III L’EVOLUTION DE LA FRANC-MACONNERIE

  • La Révolution américaine

En 1734, Benjamin Franklin publie les constitutions d’Anderson.

La loge des Neuf Sœurs, une loge maçonnique du Grand orient de France, est fondée en 1776 par l’astronome Jérôme de Lalande. Elle est réputée pour avoir accueilli dans son sein Benjamin Franklin. Voltaire y fût également initié. La loge exerça une influence particulière dans l’organisation du soutien français à la Révolution américaine, avec l’appui notamment du Marquis de La Fayette, ami de Washington.

  • La Révolution française.

La franc-maçonnerie n’est pas monolithique.

Sur 170 loges, plus de la moitié n’étaient pas favorables à la Révolution française.

Si la franc-maçonnerie était un prétexte pour se couper de la tutelle de l’Etat, elle a naturellement accompagné les révolutionnaires. Les Etats Généraux de 1789 étaient présidés par le duc de Montmorency.

Les années qui ont suivi la révolution ont été difficiles pour les nobles, qui constituaient une part des effectifs des francs-maçons.

 

 

Cela va changer avec l’arrivée de Napoléon.

  • L’époque Napoléonienne.

Napoléon va les autoriser entre 1800 et 1815, pour mieux les contrôler.

Sur 25 maréchaux d’Empire, 17 sont francs-maçons. Joseph Bonaparte est Grand Maître, les loges sont gouvernées par Cambacérès, archichancelier de l’Empire.

Si en 1800, il y a 70 loges civiles, elles sont au nombre de 667 en 1810, dont 626 en Province.

En 1814, on en dénombre plus de 900, et 90 ateliers régimentaires.

Quand Napoléon est exclu, la franc-maçonnerie perd un tiers de ses membres.

La campagne d’Egypte de Napoléon va permettre l’importation du rite égyptien Misraïm, en 1813.

Contrairement aux années 1700, le clergé est peu représenté dans la franc-maçonnerie. Il y a plus d’ouvriers.

En juillet 1830, les franc- maçons sont bien là, quand il faut (encore) changer de régime ; mais il n’y a pas de volonté consciente de pousser à ces changements.

  • La IIème république.

C’est l’avènement des francs-maçons politiquement engagés, à l’instar de Victor Schoelcher, sous-secrétaire d’Etat aux colonies en 1848 au sein du gouvernement provisoire, qui sera à l’origine de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.

Proudhon, du courant anarchiste, pense que le vent a tourné et que le régime n’est pas porté aux réformes sociales.

Le 28 juillet 1848, arrive un débat sur la liberté d’association et de réunion. La question est posée de dire si la franc-maçonnerie est une société secrète. La réponse est non.

Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, est élu président de la République. Il n’y a plus de franc-maçon au gouvernement.

En mai 1849, l’Assemblée législative est majoritairement monarchiste. La maçonnerie est à nouveau surveillée et pourtant le Grand Orient, dans sa Constitution, définit la maçonnerie comme « essentiellement philanthropique, philosophique et progressive » et y inclut la devise de la République. Cette première définition contribue à renforcer la cohérence du Grand Orient.

fondateur

  • La Commune.

Le 19 juillet 1870, l’Empire français déclare la guerre au royaume de Prusse

En 1870, les loges parisiennes sont animées d’un esprit de révolution sociale.

Le 18 mars 1871 débutait la Commune de Paris. Le Grand orient se réclame aujourd’hui d’être un partisan de la commune. Mais était ce aussi clair à l’époque ? Les francs-maçons sont sortis dans la rue : 10000 à Paris. La bourgeoisie et le prolétariat sont réunis. Mais la semaine sanglante de mai 1871 verra la mort de 20000 communards.

Les francs-maçons vont prendre le parti du pouvoir. Thiers fait écraser la commune par l’armée. Les francs-maçons dénonceront ensuite la commune, la société n’était pas homogène en 1871.

  • Les lois de 1901 et 1905

La franc-maçonnerie à l’époque ne s’opposait pas à la religion

Le pasteur Frederic Desmond, plusieurs fois grand maître du Grand Orient de France pose la question (pour la franc-maçonnerie) de la référence à la religion catholique française. En 1877 les textes constitutionnels du Grand orient font disparaître les références à la croyance en Dieu et à l’immortalité de l’âme. Mais sans exclure personne pour ses croyances. Elle a pour devise : liberté, égalité, fraternité.

Jules Ferry est réintégré au Grand Orient. Il a créé l’école républicaine (obligatoire, gratuite et laïque). Pierre Waldeck Rousseau crée la loi sur les syndicats.

Dans l’affaire Dreyfus, la majorité des francs-maçons soutient l’innocence du capitaine. C’est pendant la IIIème république que l’impact des francs-maçons a été le plus important sur la société.

C’est Waldeck Rousseau et Arthur Groussier qui seront à l’origine de la loi relative au contrat d’association.

En 1904, le séminariste et franc-maçon Emile Combes, chef du gouvernement, vote l’interdiction de l’enseignement aux congrégations (période de rupture entre la France et le Vatican)

En 1905, la République ne reconnait, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte.

  • L’entre-deux guerres et l’occupation.

Ce n’est pas une période intense pour la franc-maçonnerie.

Des ouvrages de référence paraissent. Le Grand Orient réhabilite Le Rite Ecossais Rectifié, rite maçonnique fondé en 1782.

Pendant la deuxième guerre mondiale, la franc-maçonnerie a semblé faire preuve d’« angélisme ».Il n’y a pas eu de « résistance » dure. Le conseil de l’Ordre gère les affaires courantes. La franc-maçonnerie est « endormie ». Les premiers convents (assemblées générales de francs-maçons) d’après-guerre sont tumultueux.

  • La seconde moitié du 20ème siècle.

Les principaux « combats » de la franc-maçonnerie sont ceux en faveur :

-de la laïcité

-de l’égalité des droits homme-femme

-de la construction européenne, qui a été et est encore un « cheval de bataille », prônant l’universalité, sans renier la particularité.

Les loges sont souveraines, même si elles sont associées en Grand Orient.

En 1968, un Grand Maître sera séquestré quelques heures par les étudiants.

La Grande Loge de France déclare : « La contestation, c’est nous … ».

IV LA FRANC- MACONNERIE : AUJOURD HUI ET DEMAIN ?

Tout reste à écrire…nous dit le conférencier, en conclusion, qui complète son exposé dans le cadre du débat.

  • Le rituel: ne peut que se vivre. Ce qui est vécu par l’Homme et la Femme est source de progrès en dedans et en dehors. Le rituel permet aux francs-maçons de cohabiter dans un espace clos. Le temple est un espace protégé, où l’on peut évoquer des choses, ou à soi-même, dans le respect de la parole.
  • La mixité: le Grand orient est mixte, il y a des loges féminines : la Grande Loge Féminine de France.
  • La finalité: individuelle : mieux être dans la société, collective : la concorde universelle.                           

 

.             *illustrations internet                       Marie Pierre Fourdinier, le 9 avril 2024

                                                                     UTL PEVELE CAREMBAULT