Grégory Vroman

Conférence réalisée par             Alexis BEAUREPAIRE

Mardi 9 Mai 2023

I POURQUOI ETUDIE- T -ON LES ABEILLES ?

  • Pour leur rôle sur les sociétés humaines, sur la pollinisation.

    Beaucoup de produits sont présents grâce à la pollinisation (transport du pollen d’une fleur à l’autre), qui est une étape préalable à la fécondation dans le cycle de la vie de ces fleurs et plantes, et également des fruits qu’elles peuvent produire.

    Les abeilles ne sont pas les seuls pollinisateurs. Bourdons, papillons et même chauve-souris ont aussi ce rôle. En mer, les crevettes permettent aux algues rouges de se reproduire.

    Fleurs et plantes se sont développées en parallèle de l’évolution des abeilles. On a retrouvé des fossiles permettant de dater leur origine (100 Millions d’années). Abeilles et plantes se sont spécialisées au fur-et-à-mesure de leur développement.

    • Pour leur comportement animal.

Abeilles en train de faire combler le vide à l’aide d’un pont d’un essaim à un autre

C’est à l’ethnologue autrichien Karl Von Frisch que l’on doit la description du langage des abeilles et la compréhension de leurs danses (cf. vidéo). En 1953, il publie un ouvrage : Vie et mœurs des abeilles.

Il y a une reine par colonie d’abeilles (c’est grâce à la gelée royale que l’on va donner à une larve qu’on produit une reine, qui aura ainsi un thorax plus large et un abdomen plus long que les ouvrières).

C’est elle qui va pondre des œufs. Les ouvrières sont nourrices au début de leur vie. Elles sont bien organisées. Certaines seront gardiennes, pour protéger l’essaim.

80000 abeilles peuvent constituer un essaim (la contrepartie est que, si l’une est malade, elle peut propager la maladie aux autres (exemple : la maladie des ailes déformées) et aussi entraîner leur disparition.

  • Le « challenge »

Ce qui est aussi un intérêt d’études des abeilles, c’est la raison de l’effondrement des colonies.

Constat d’abeilles mortes à la sortie de l’hiver. Le magazine Time a titré : « Un monde sans abeilles !»

Ses travaux important et novateurs seront couronnés par le prix Nobel en 1973.

La danse des abeilles communique des informations à ses congénères. Elle indique par rapport au soleil l’endroit où se trouvent les fleurs. L’intensité des vibrations donne la distance.

Cela accroît l’efficacité des abeilles, car lorsque l’une d’entre elles a trouvé du pollen, elles y vont ensuite ensemble.

 

II POURQUOI LES ABEILLES MEURENT ?

L’Apis Mellifera sera pour cette étude l’espèce « parapluie », c’est-à-dire que les résultats que l’on va trouver la concernant pourront être étendues, transférables aux autres espèces.

Un budget de recherche a été attribué pour approfondir la raison de la disparition des abeilles.

Plusieurs facteurs semblent être à l’origine de ce déclin.

 

  • La perte d’habitat:

Les abeilles sauvages établissent leur habitat dans les trous des arbres (cavités créées par le pivert par exemple). Si on abat les arbres, cela entraîne une perte des cavités.

 

  • La déforestation qui diminue la nourriture

 

  • Les pesticides : ceux-ci peuvent diminuer la nourriture.

La conjugaison de deux facteurs accroît le risque de disparition.

De plus, les abeilles peuvent ramener la pollution dans la ruche et la contaminer. C’est ainsi que l’on retrouve au printemps des abeilles mortes.

 

  • Les pestes et agents pathogènes

Il existe des parasites qui affaiblissent le système immunitaire des abeilles.

Le varroa (ou varois) est un acarien qui pique les abeilles comme le fait une tique sur un chien.

La maladie des ailes déformées est une maladie contagieuse de l’abeille mellifère due à un virus, qui atrophie les ailes, réduit les corps et la durée de vie de l’abeille.

 

En conclusion de ce « challenge » de la recherche, si l’on a compris les facteurs isolés de cause de disparition des abeilles, l’interaction entre les différents facteurs reste un schéma difficile à interpréter.

Et si un autre facteur se rajoutait : celui de l’intervention de l’homme ?

III LES ABEILLES ET LES HOMMES.

Des peintures de fresques ancestrales montrent que les hommes allaient déjà récupérer le miel dans les cavités, il y a 10000 ans.

1000 ans avant JC, on observe également le développement des ruches, et leur mode transportable. C’est ainsi que les abeilles se sont retrouvées dans le monde entier.

Aux USA, il y a 100 ans, et plus récemment il y a 10 ans, les ruches sont transportées dans des gros camions (c’est l’apiculture extrême), afin que les abeilles aillent polliniser les amandes. Puis des pesticides sont vaporisés sur les fleurs, pour prévenir des maladies, entraînant la perte de nombreuses abeilles.

Un film documentaire de 2012 (cf. vidéo) : « Des abeilles et des hommes » de Markus Imhoof montre à partir de nombreux témoignages comment ces « sentinelles de l’environnement » disparaissent (étant parfois transportées en avion).

L’introduction d’autres espèces d’abeilles peut également provoquer une interaction avec les autres espèces. Ainsi l’Apis Cerana, ramené par l’introduction d’espèces en Europe et dans le reste du monde, peut poser des problèmes pour les abeilles locales, car elle est fréquemment porteuse de varroa. D’autres parasites ont aussi été retrouvés en Russie, Ukraine et migrent de plus en plus vers l’ouest.

Ce parasite qui transporte des virus se met sur les fleurs, et est transporté d’une fleur à l’autre, donc contamine les abeilles sauvages.

Il y a ainsi une compétition entre abeille sauvage et domestique. Ces dernières sont mieux organisées pour prendre la nourriture. Elles emmènent aussi les virus.

Se pose la question de comment concilier l’apiculture et les autres espèces.

IV CONCLUSIONS

 

Si le nombre de ruches dans le monde a augmenté (une étude montre qu’entre 1961 et 2013 le nombre d’abeilles domestiques a doublé), leur état de santé se dégrade.

L’activité de l’apiculteur a beaucoup changé, il passe plus de temps à contrôler les parasites.

Grâce à la domestication, on peut maintenir ces espèces en vie.

Il y a des compagnies spécialisées dans la reproduction des bourdons jaunes et blancs.

En chine, pour pallier le manque d’abeilles, la pollinisation se fait à la main.

On voit aussi apparaître des abeilles robot !

Le mieux n’est il pas de laisser faire la nature ?

D’autres études montrent la diminution du nombre d’insectes (-58% en Angleterre entre 2004 et 2021 ou – 80% au Danemark entre 1997 et 2017),  le déclin des abeilles aux USA ou celui des bourdons dans le monde.

Les espèces en voie d’extinction différent selon les endroits.

Il manque de spécialistes sur cette question. Mais si les données sont insuffisantes, elles n’en sont pas moins alarmantes.

Cependant, le fait que l’on ait identifié les problèmes permet de dégager des solutions :

  • Arrêter de déforester, donner des nids
  • Développer des alternatives aux pesticides (biocontrôle), planter des bandes fleuries le long des champs
  • Travailler sur l’adaptation naturelle des abeilles, leur permettre d’enlever elles-mêmes les parasites, ne pas les traiter systématiquement pour leur apprendre à développer des résistances (on a remarqué la stratégie des abeilles pour tuer le frelon asiatique, en faisant une boule autour de l’insecte pour augmenter la température, ce qui lui est fatal).
  • Sauver l’abeille locale en arrêtant de les transporter, en favorisant les petits circuits
  • Promouvoir au niveau collectif la biodiversité et …changer nos habitudes…

Une belle leçon de nature….

  Marie Pierre Fourdinier UTL Pévèle Carembault

                                                                                                                       Le 9 mai 2023